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SAISON 2017-2018 - Thème . Pièces . Concert

 

 

Franz

SCHUBERT

(1797-1828)

1808 : Admis à la chapelle de la cour impériale pour sa jolie voix et son habileté à déchiffrer.

1813 : Il s’échappe de l’institution religieuse qui l’a formé, par envie de composer.

1816 : Il s’installe chez son ami, le poète Schober.

1818 : Il quitte l’école de son père et travaille comme précepteur musical de la famille du comte Esterhazy durant l’été.

1828 : 1er concert public à Vienne composé exclusivement de ses œuvres.

1865 : création au titre posthume de la Symphonie n° 8, « L'inachevée ».

Messe n°2 en sol majeur D 167

  • Kyrie.

  • Gloria

  • Credo

  • Sanctus

  • Benedictus

  • Agnus Dei

Felix

MENDELSSOHN

(1809-1847)

 

1819 : Etudie la composition et le contrepoint sous la direction de Carl Friedrich Zelter

1821 : Rencontre Johann Wolfgang Von Goethe, lequel compare Mendelssohn à Mozart

1829 : Arrangement et direction par Mendelssohn de La Passion selon Saint Matthieu de BACH

1829 : Premier voyage en Grande-Bretagne

1843 : Mendelssohn fonde le Conservatoire de Musique de Leipzig

Lauda Sion Opus 73

  • Lauda Sion

  • Laudis thema specialis

  • Sit laus plena, sit sonora

  • In hac mensa novi Regis

  • Docti sacris institutis

  • Caro Cibus

  • Sumit unus, sumunt mille & Ecce panis

15ème saison

 

2017-2018 : SCHUBERT & MENDELSSOHN

 

Messe en sol & Lauda Sion

 

2 œuvres rares composées par 2 figures majeures du romantisme allemand

 

Demandez le programme & le texte des œuvres !

1- SCHUBERT & MENDELSSOHN RÉUNIS POUR UN MOMENT DE MUSIQUE

 

Deux figures imposantes du romantisme austro-germain …


SCHUBERT (1797-1828), qui a vécu 31 ans, apparait comme un compositeur talentueux et discret, dans l’ombre des grands HAYDN et BEETHOVEN. Influencé par ces 2 vedettes du classicisme viennois, il a contribué à l’émergence du romantisme, dans un style qui lui est propre. Peut-être moins connues que ses Lieder ou ses œuvres instrumentales, les œuvres sacrées de SCHUBERT présentent un grand intérêt musical. Ce compositeur bénéficie, enfin, d’une image très positive chez les mélomanes, peut-être par ce que sa courte vie, dédiée si intensément à la musique, a quelque chose de touchant…

 

MENDELSSOHN (1809-1847) a eu une belle carrière musicale. Bien né, considéré comme le plus précoce des compositeurs, on lui offre la possibilité d’exploiter tous ses talents musicaux. Ses œuvres d’une grande variété sont empreintes d’une énergie et d’un optimisme. Il aura à la fois contribué à conforter l’esthétique romantique allemande et à remettre au goût du jour deux compositeurs baroques allemands tombés dans l’oubli à son époque… un certain BACH et un certain HAENDEL.

 

… entretant un rapport particulier au sacré

 

Ces deux compositeurs ont chacun un rapport particulier au sacré, ce qui est certainement à l’origine de la qualité musicale de ces œuvres.

 

SCHUBERT, qui vivait dans un environnement familial très croyant, reçut une éducation religieuse classique : la religion était abordée d’une manière traditionnelle. A partir de son, SCHUBERT s’entoure d’amis idéalistes, cultivés et passionnés de belles lettres, ce qui va le conduire à questionner son rapport à la religion. Son ami SCHOBER –qui l’hébergera quelques années– lui fera prendre conscience de la qualité poétique de certains textes sacrés. SCHUBERT prendra alors pleinement conscience de sa capacité à composer des Lieder liturgique. Il gardera, néanmoins, un fort attachement à la forme musicale associée à l’église en composant 7 Messes, 1 Stabat Mater, 1 Magnificat, 1 Tantum Ergo et un Hymnus an den heiligen Geist.

 

MENDELSSOHN met à pleinement à profit son appartenance au protestantisme en étudiant BACH et HAENDEL. Parce qu’il bénéficie d’’une filiation juive, MENDELSSOHN aura toute sa vie une curiosité forte pour les textes sacrés de l’ancien et du nouveau testament. Il sera également marqué par un questionnement permanent sur son identité, notamment religieuse. Son goût pour les textes poétiques et sacrés va conduire MENDELSSOHN, le protestant luthérien, à mettre en musique le Lauda Sion, hymne catholique par excellence, écrit par Saint Thomas d'Aquin pour la Fête-Dieu. MENDELSSOHN.

2. LA MESSE EN SOL D167 DE SCHUBERT

 

Histoire de l’œuvre

                             

En 1815, Schubert compose à 18 ans la Messe n°2 en sol majeur (D.167). Cette œuvre de jeunesse, pleine de promesse, tient aujourd’hui une place majeure dans le répertoire sacré viennois.

 

L'année suivante l'interprétation réussie de sa première messe et en pleine composition de sa deuxième symphonie, il compose cette messe en moins d'une semaine, du 2 au 7 mars 1815. Elle est jouée pour la première fois sous la direction du compositeur dans sa paroisse natale de Lichtenthal dans le 9ème arrondissement de Vienne (Autriche).

 

La partition originale n'est imprimée qu'en 1845, après la mort de Schubert. Cette messe est restée l’une des œuvres les moins jouées, au point que sa première édition fut usurpée par Robert FUHRER (directeur musical de la Cathédrale Saint-Guy de Prague) qui finira en prison pour escroquerie...

 

Cette messe fut remaniée à plusieurs reprises. Dans sa première version, elle est orchestrée pour instruments à corde, orgue, chœur et un trio de solistes (sopraneténor et baryton). Par sa dimension modeste de son instrumentation, la première version de cette messe est adaptée à une communauté disposant de peu de moyens.

 

Un arrangement postérieur (seconde version) est découvert à Klosterneuburg en 1980, sans que l’on en perce totalement le secret. Cette deuxième version, jouée la première fois le 11 juillet 1841, semble représenter la vision définitive qu’avait SCHUBERT de cette œuvre. Outre des modifications mineures, elle est enrichie de parties de trompette et de timbales. Enfin, Ferdinand, le frère de Franz SCHUBERT compléta en 1847 la pièce (troisième version) par des parties pour bois et cuivres.

Description de l’œuvre

Cette messe est structurée d’une manière classique en 6 mouvements : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei.

  • Le Kyrie plonge l’auditeur dans une atmosphère rêveuse, caractérisée par la douceur propice au vagabondage des idées.

  • Le Gloria, plus dynamique, est marqué par un emballement – digne d’une œuvre beethovenienne (était-il sous influence ?) – témoignant de la ferveur de la foi.

  • Le Credo est une histoire à lui seul, avec comme fil conducteur une basse continue (au piano). Dans ce mouvement le plus long de l’œuvre, SCHUBERT crée une sensation de confiance, associée à une croyance réconfortante. Après quelques inflexions tonales, la crucifixion est décrite d’une manière fulgurante et glaçante. La résurrection qui suit est magistrale : les nuances sont forte. La reprise du thème cache une surprise, avant une fin rassurante.

  • Le Sanctus est bref et intense, malgré un tempo lent : il se poursuit par une courte fugue pétillante.

  • Le Benedictus, canon à 3 voies, est écrit pour solistes et évoque les grands Lieder du maître.

  • L’œuvre se termine par un Agnus Dei grave et réconfortant, dans lequel le chœur et les solistes dialoguent solennellement. Les dernières notes de cette œuvre sont élégantes et caractéristiques de la musique de SCHUBERT.

 

Cette messe est marquée à la fois par un sentiment de dévotion et par l'expression romantique individuelle (comme Beethoven dans ses messes).

 

 

3- LE LAUDA SION OPUS 73 DE MENDELSSOHN

 

Histoire de l’œuvre

 

En 1845, l’Evêque de Liège (Belgique) commande à Mendelssohn une œuvre pour célébrer les 600 ans de la Fête-Dieu : il s’agit de mettre en musique le Lauda Sion, texte de Saint Thomas d’ACQUIN. Concomitamment, le compositeur travaille ardemment à son grand oratorio Elias.

 

MENDELSSOHN envoie sa partition à Liège le 23 février 1846 et vient en personne assister à sa création le 11 juin en la Basilique Saint-Martin. Mais, l’évêché liégeois qui avait peu de moyens confie l’œuvre à un mélomane qui en donne une interprétation « moyenne », selon les dires du compositeur : terme fort diplomatique !

 

L’œuvre n’est pas destinée à la publication et MENDELSSOHN ne l’a conçu que dans le cadre de ces festivités. Elle devait donc appartenir à l’archevêché liégeois définitivement et sera le premier ouvrage posthume édité.

 

Cette œuvre a été composée dans un contexte particulier : celui de l’agitation des milieux catholiques allemands. Bien que réprouvant celle-ci, MENDELSSOHN accepte de composer cette œuvre dédiée à un office catholique. Pétri de l’enseignement de son grand-père, le musicien,  ayant un profond respect pour toutes les confessions et les textes présentant une dimension religieuse et philosophique, prônait un œcuménisme essentiel à la profondeur de l’âme.

 

Présentation de l’œuvre

 

Le Lauda Sion (Opus 73) est un motet pour solistes, chœur et orchestre. Cette œuvre de maturité, rarement jouée, est composée de 7 mouvements.

  • Le premier mouvement pour chœur Lauda Sion introduit l’œuvre d’une manière solennelle puis exprime toute la ferveur associée à cette célébration.

  • Le second mouvement pour chœur Laudis thema specialis nous plonge dans une contemplation délicate et bienveillante de la cène.

  • Le troisième mouvement pour soprane et chœur Sit laus plena, sit sonora, inspiré des Chorals de BACH, exprime la joie de la célébration.

  • Le quatrième mouvement, qui est un quatuor de solistes, In hac mensa novi Regis présente d’une manière délicate et raffinée le nouveau paradigme religieux : la nouvelle Pâque.

  • Le cinquième mouvement pour chœur Docti sacris institutis aborde le mystère de la transsubstantation. Il débute par quelques mesures de musique monophonique, rappelant le style ancien (Renaissance) puis se poursuit suivant un style « métissé » en confiant au chœur 3 interventions monophoniques –la trinité– qui contrastent avec un accompagnement romantique bouillonnant. Cela débouche sur une dernière strophe magistrale mettant en lumière toute la magie et le sublime associés à la transsubstantation. Le chœur poursuit par une fugue (parfois oubliée lors de certaines représentations…) énergique, digne d’une composition de HAENDEL.

  • Le sixième mouvement pour une soliste soprane Caro Cibus évoque avec douceur la plénitude offerte par la religion ici célébrée.

  • Le septième mouvement débute par une intervention du chœur Sumit unus, sumunt mille, évoquant d’une manière contrastée le jugement dernier et la force du sacrement. L’œuvre se termine en associant les solistes et le chœur à partir d’Ecce panis par un chant marqué d’un profond optimisme (le happy end !) : cette prière ouvre des perspectives positives et sereines.

 

MENDELSSOHN évite, dans son discours musical, les difficultés liées à un texte caractérisé par une très grande rigueur rédactionnelle : les strophes sont en effet composées en très large majorité 3 vers de 8 syllabes, le dernier de 7. Le compositeur utilise remarquablement la plénitude que peut générer l’écriture chorale.

 

L’œuvre est empreinte d’un style contemporain que l’on retrouve dans les grandes fresques religieuses de Cherubini et Rossini tout en annonçant les messes de Bruckner. Elle est moins polyphonique que les grands oratorios  car MENDELSSOHN considérait la polyphonie comme une caractéristique de BACH, donc associé au protestantisme. Ponctuellement, le compositeur fait référence à une écriture musicale ancienne monophonique (Docti Sacris Institutis). Il n’est, toutefois, pas certain que MENDELSSOHN ait eu une connaissance développée d’autres partitions de Lauda Sion composées, par exemple, au XVIème siècle par PALESTRINA ou ORLANDO DI LASSO.

La Cène de Lucas CRANACH dit l'Ancien

Lauda Sion : le texte de Thomas d’AQUIN

relatif à la transsubstantation

 

La transsubstantiation est un phénomène surnaturel, qui signifie littéralement la conversion d'une substance en une autre.

 

Sur le plan religieux, par opposition aux thèses de Luther, l'Église catholique (dont les maronites et les arméniens catholiques) emploie le terme de « transsubstantiation » pour expliquer que, dans l'Eucharistie, le pain et le vin sont « réellement, vraiment et substantiellement » transformés ou convertis en corps et sang du Christ, tout en conservant leurs caractéristiques physiques ou espèces (texture, goût, odeur : les apparences) initiales. La conséquence en est la « présence réelle » du Christ dans les espèces consacrées.

 

Le terme, qui apparaît pour la première fois chez Hildebert de Tours vers 1079, est défini comme concept du dogme catholique par le 4ème concile du Latran (1215) et est confirmé par celui de Trente (1545–1563).

 

La doctrine de la transsubstantiation a été « fixée par Thomas d’Aquin à partir de la métaphysique aristotélicienne : la matière est composée de qualités premières (la substance elle-même) et de qualités secondes (les sensations). La transsubstantiation, consistant en la modification des qualités premières seules (puisque le goût du pain et du vin – qualités secondes – ne sont eux pas modifiés), trouve selon cette théorie une explication rationnelle.

 

Ce qui, dans ce contexte de la définition proprement dite est appelé substance et espèce doit donc en définitive être compris d’après les catégories médiévales (aristotéliciennes) de substance et accident. La substance est ce qui existe par soi (ipsum esse subsistens) et l’accident est ce qui change, ce qui n’existe qu’en un autre. Ce ne sont donc pas les caractéristiques physiques (accidents, apparences) du pain et du vin qui changent. Contrairement à ces apparences ou accidents, la substance ne peut être perçue par les sens. La substance est une des dix catégories de l’être définies par Aristote. Cette doctrine de la transsubstantiation rend ainsi compte de la présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques après la consécration. »

La célébration de la Fête-Dieu

 

Il faut remonter au Moyen Âge, à partir de 1209 pour trouver les traces des premières manifestations de la Fête-Dieu, à laquelle est consacrée cette œuvre. Cette fête catholique est en rapport avec le débat théologique autour du concept de transubstantation qui consiste à croire à la véritable présence du corps et du sang du Christ dans l’hostie et le vin.

 

Julienne de CORNILLON, sœur d’un couvent situé à Liège (Belgique), fut l’instigatrice de la nouvelle fête. Lors de ses fréquentes visions mystiques, elle eut le sentiment qu’il manquait une célébration de la révélation du sacrement. Elle œuvra pour que cette cérémonie soit créée et parvint à persuader non seulement les autorités religieuses de Liège, mais aussi les responsables laïcs de la ville.

 

Elle avait un allié de poids, le Pape URBAIN IV, qui confia alors à Saint Thomas d’AQUIN la rédaction de textes liturgiques pour cette solennité qui serait célébré un jeudi peu après la Pentecôte. La Fête-Dieu fut créée à Liège avec beaucoup de faste et se répandit rapidement en Allemagne, en Italie, en France et en Espagne sous le nom de Corpus Christi. Car c’est bien de cette notion toute particulière du mystère de la transsubstantiation qu’il s’agit.

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